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130. — Terrible scène.
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<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> <?xml-model href="http://www.tei-c.org/release/xml/tei/custom/schema/relaxng/tei_all.rng" type="application/xml" schematypens="http://relaxng.org/ns/structure/1.0"?> <?xml-model href="http://www.tei-c.org/release/xml/tei/custom/schema/relaxng/tei_all.rng" type="application/xml" schematypens="http://purl.oclc.org/dsdl/schematron"?> <?xml-stylesheet type="text/css" href="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/CSS/suzette_reading.css"?><TEI xmlns="http://www.tei-c.org/ns/1.0" xmlns:rdf="http://www.w3.org/1999/02/22-rdf-syntax-ns#"> <teiHeader> <fileDesc> <titleStmt> <title type="main">Suzette: a Digital Edition</title> <respStmt> <persName>John Westbrook</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Editor</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Diane Jakacki</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Project Manager</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Annie Girton</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2018-2020</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Sarah Haber</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2020-2022</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Rebecca Heintzelman</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2020-Present</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Juliya Harnood</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2021-Present</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Jaehoon Pyon</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2023-Present</resp> </respStmt> </titleStmt> <publicationStmt> <distributor>Bucknell University</distributor> <pubPlace> <address> <addrLine>One Dent Drive</addrLine> <addrLine>Lewisburg, PA 17837</addrLine> </address> </pubPlace> <availability> <licence>Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International</licence> </availability> </publicationStmt> <sourceDesc> <biblStruct> <monogr> <title>Suzette: Livre de Lecture Courante à l’Usage des Jeunes Filles. Morale—Leçon de choses, Economie Domestique – Ménage – Cuisine – Couture</title> <author>Robert Halt</author> <textLang>French</textLang> <imprint> <date>1889</date> <distributor>Libraire Classique Paul Delaplane</distributor> <pubPlace>Paris, France</pubPlace> </imprint> </monogr> </biblStruct> </sourceDesc> </fileDesc> <profileDesc> <langUsage> <language ident="fr">French</language> <language ident="en">English</language> </langUsage> </profileDesc> </teiHeader> <text> <body> <div xmlns:ns0="http://www.tei-c.org/ns/1.0" type="chapitre" xml:lang="fr" n="ch130"> <head>130. — Terrible scène. </head> <div type="récit"> <p><persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName>, qui s'était contenue pendant cette lecture, se leva vivement quand elle fut finie et jetant un petit châle sur ses épaules : </p> <p>— Viens avec moi, dit-elle à <persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName>, qui, comprenant, la suivit en silence.</p> <p>Ils se mirent à parcourir <placeName type="fictif">Fragicourt</placeName>. Le village comptait près de deux cent cinquante maisons, dont quinze portaient enseigne. Les belles plaines onduleuses qui lui font une riante ceinture, la douceur salutaire*<note type="annotation">Salutaire. Utile, avantageux pour la conservation de la vie.</note> d'une promenade en famille, les petits jouant, courant, cueillant des fleurettes sous les yeux du père et de la mère, rien ne valait l'attrait de ces quinze cabarets.</p> <p>Ces hommes de <placeName type="fictif">Fragicourt</placeName>, braves ouvriers tisseurs, eussent été irréprochables si la semaine avait eu six jours seulement. Mais il y avait le septième, le dimanche. Ce jour-là, ils s'habillaient de leurs plus beaux habits, prenaient en poche quelque vingt, trente sous, de ces sous dont la ménagère, la mère, quand on les lui <fw type="footer">(1) On emploie un filtre formé d'un sac conique d'étoffe. On le suspend par plusieurs attaches de ruban de fil à un cercle de jonc, suspendu lui-mème par un clou à un anneau au moyen de trois cordes. L'étoffe sera ou de la flanelle, ou du drap, ou du molleton et même du feutre.</fw> <pb type="page" n="457" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_457.jpg" /> <fw>TERRIBLE SCÈNE. 457</fw> laisse, sait tirer un peu de bien-être, de propreté, de gâterie même. Et les voilà partis du côté de l'eau-de-vie.</p> <p>Restées à la maison, les femmes, les mères n'y mènent pas grand bruit. Quelques-unes, le soir venu, à l'heure du souper, se hasardent à aller guetter, à travers un écartement de rideau, où en est le fils, le mari. Des soupirs, des plaintes s'échappent de leur bouche ; parfois les pauvres femmes ont avec elles de petits enfants qui pleurent...</p> <p>Ce soir-là, tremblante, <figure> <caption>Fabrication de l'alcool. L'eau-de-vie est une liqueur spiritueuse qu'on obtient par la distillation. L'appareil qui sert à distiller s'appelle un alambic. Ou met dans la marmite, les produits à distiller. On chauffe, et les vapeurs qui s'élèvent de la marmite, traversent le serpentin qui est plongé dans un vase rempli d'eau froide ; elles s'y refroidissent pour passer ensuite à l'état liquide.</caption> </figure> honteuse, le cœur déchiré, la pauvre <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> fait comme elles. De fenêtre en fenêtre, elle glisse le long des cabarets ; <persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName>, qui l'accompagne, y fait un pas sur le seuil pour tâcher de voir dans la fumée des pipes.</p> <p>Il a le cœur gros aussi, le brave enfant. Il essaie rassurer sa sœur. Dans leur triste promenade, ils passent devant le cimetière.</p> <p><persName type="fictif" key="charlot">Charles</persName>, lui dit doucement <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> dans un sanglot, si la pauvre maman nous voit, nous entend, elle doit bien pleurer ! </p> <p>Ils regagnaient la ferme, quand des cris : Au secours ! se font entendre du côté de la maison de <persName type="fictif" key="ludivine">Ludivine</persName>.</p> <p>Ils y courent. Et là, quel spectacle ! La grande pièce. était jonchée de débris de vaisselle. De toute sa force, <persName type="fictif" key="vincent">Vincent</persName>, furieux d'ivresse, horrible à voir, jetait les dernières assiettes dont l'une venait de frapper sa mère au front.</p> <p>Le vieux père <persName type="fictif" key="benoît">Benoît</persName>, <persName type="fictif" key="lisa">Lisa</persName> s'efforçaient en vain de le contenir. <persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName>, d'autres voisins accourus, purent enfin s'en rendre maîtres.</p> <p><persName type="fictif" key="ludivine">Ludivine</persName> repoussa <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> qui voulait lui bassiner*<note type="annotation">Bassiner. Laver avec une linge mouillé.</note> le front avec de l'eau et parlait d'arnica.</p> <fw type="footer">SUZETTE (Maitresse). <fw type="sig">26</fw></fw> <pb type="page" n="458" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_458.jpg" /> <fw>458 SUZETTE.</fw> <p>— Va, j'ai mieux que ça, merci, dit-elle aigrement. Pars avec ton frère qui a emmené mon <persName type="fictif" key="vincent">Vincent</persName> aux Trois Agaces ! </p> <p>Les pupilles dilatées, paraissant ne rien voir, <persName type="fictif" key="françois">François</persName> s'accotait au mur. Sans répondre à <persName type="fictif" key="ludivine">Ludivine</persName>, <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> le prit par un bras ; <persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName> le prit par l'autre et ils sortirent.</p> <p>A la maison non plus, il n'y eut pas une parole d'échangée. Le visage de <persName type="fictif" key="françois">François</persName> semblait changé en pierre. Sans chapeau, — il l'avait perdu en route — les cheveux collés aux tempes, les vêtements en désordre il donnait un spectacle navrant.</p> <p><persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName> le mit au lit et, après un quart d'heure, revint dire à <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName>, qui s'apprêtait à veiller : </p> <p>— Il dort. Tu peux aller te reposer.</p> </div> <div type="questionnaire"> <head>Questionnaire.</head> <list> <item>— Que fit et dit <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName>, une fois la lecture achevée ? </item> <item>— Quel aspect présentait le village ? </item> <item>— Comment les tisseurs de <placeName type="fictif">Fragicourt</placeName> employaient-ils la journée du dimanche ? </item> <item>— Que faisaient les femmes et les mères pendant ce temps ? </item> <item>— Où allait, ce soir-là, <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> avec <persName type="fictif" key="charlot">Charlot</persName> ? </item> <item>— Quelle pensée vint à leur cœur en passant près du cimetière ? </item> <item>— Que virent-ils en passant devant la maison de <persName type="fictif" key="ludivine">Ludivine</persName> ? </item> <item>— Qui s'efforçait de contenir <persName type="fictif" key="vincent">Vincent</persName> ? </item> <item>— Que répondit <persName type="fictif" key="ludivine">Ludivine</persName> à <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> lui proposant de la panser ? </item> <item>— Dans quel état ramena-t-on <persName type="fictif" key="françois">François</persName> à la maison ? </item> </list> </div> <div type="exercices"> <head>DÉVELOPPEMENT DES SUJETS PROPOSÉS POUR EXERCICES.</head> <div type="morale"> <head type="sujets">Morale.</head> <div type="questions"> <list> <item>— L'IVROGNERIE.</item> <item>— Quand dit-on qu'un homme est un ivrogne ? </item> <item>— Qu'est-ce qui donne cette funeste passion ? </item> <item>— Comment peut-on retenir un homme à la maison le dimanche ? </item> <item>— Qu'y a-t-il de plus hideux qu'un homme ivre ? </item> <item>— Réflexions et résolutions.</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>Un ivrogne est un homme qui a contracté l'habitude de boire avec excès ; la même désignation s'applique également aux malheureuses femmes tombées dans ce vice repoussant. Une pareille qualification est une tache honteuse.</p> <p>On devient ivrogne lorsqu’on ne se plaît pas chez soi et qu'on ne sait comment occuper ses loisirs ; alors le cabaret tente ; on sait y trouver joyeuse compagnie, et l'on s'y rend. D'abord on boit et l'on fume modérément ; mais bientôt le penchant devient plus vif ; on consomme davantage, et plus on absorbe de liqueurs, plus le besoin de la soif augmente. Alors la tête s’alourdit, les jambes vacillent, la raison s'obscurcit et la langue peut à peine formuler les paroles que profère l'ivrogne. Le voici dehors, chancelant, abruti, ne regagnant qu'avec peine sa demeure et au prix de chutes répétées sur le grand chemin. Il entre, et tombe ou plutôt s'affaisse sur un siège ; puis, témoin du dégoût qu'il inspire, la fureur l'anime ; il crie, il profère d'odieuses menaces, frappe lâchement sa femme et ses enfants ; enfin, se jetant sur le lit, il s'endort d'un ignoble sommeil pendant que les siens pleurent.</p> <p>Souvent une femme peut empécher son mari de s'installer le dimanche au cabaret en lui donnant le spectacle d'un intérieur bien tenu joint au plaisir de prendre part à des repas préparés avec soin.</p> <p>Elle réussira encore mieux si elle montre de l'ordre, si elle écono-<pb type="page" n="459" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_459.jpg" /> <fw>CONSCIENCE ET VOLONTE. 459</fw> mise et fait entrevoir pour l'avenir la possibilité d'assurer leur vieillesse contre les suites de l'affaiblissement des forces et les conséquences de la maladie ou du chômage. Bien des maris vont au cabaret parce que leur femme est malpropre, négligente, acariâtre, brusque avec les enfants, et qu'elle n'a nul souci de se rendre agréable son intérieur.</p> <p>Il n'y a rien de plus hideux qu'un homme ivre ; le seul spectacle de cet être abruti et dégoûtant est bien fait pour guérir à jamais la jeunesse d'un vice aussi dégradant.</p> </div> </div> <div type="industrie"> <head type="sujets">Industrie.</head> <div type="questions"> <list> <item>— L'ALAMBIC.</item> <item>— Qu'est-ce qui peut altérer l'eau ? </item> <item>— Comment peut-on obtenir de l'eau très pure avec l'alambie ? (En l'expliquant, nommer les pièces de cet appareil.)</item> <item>— Indiquez des liquides et des fruits qu'on soumet à la distillation.</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>En traversant certaines couches du sol, l'eau y dissout des substances qui l'altèrent et lui communiquent un goût désagréable. Ainsi, en <placeName>Algérie</placeName>, on trouve des puits dont l'eau est salée et amère. On obtient dans ce cas de l'eau pure en procédant par la distillation ; à cet effet, on place sur un foyer un cylindre contenant l'eau à distiller ; par l'action du feu, cette eau se change en vapeurs qui se rendent sous un couvercle nommé chapiteau, et de là en un tuyau de cuivre qui serpente dans un tonneau d’eau froide. Les vapeurs s'y condensent et l'eau ainsi obtenue tombe goutte à goutte dans un vase à ce destiné. Il n'y a plus qu'à la laisser refroidir et à l'agiter violemment afin d'y faire pénétrer de l'air ; elle sera alors propre à nous désaltérer et à tous les usages domestiques.</p> <p>On distille non seulement de l'eau, mais encore, comme nous l'avons déjà fait connaître, du vin, des fruits, du marc de raisin, etc.</p> </div> </div> <div type="hygiène"> <head type="sujets">Hygiène.</head> <div type="questions"> <list> <item>— Quels soins réclame le malheureux en état d'ivresse ? </item> <item>— Quelles sont, pour la santé, les suites des habitudes de boisson ? </item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>Il faut traiter l'ivrogne comme un malade, le placer dans un lieu où l'air soit pur et frais, le débarrasser promptement des vêtements qui exercent sur lui une compression, notamment au cou. On l'abritera soigneusement contre le froid, qui peut amener une congestion.</p> <p>Le premier degré d'ivresse cède à quelques tasses de café ou de thé léger, à une potion composée d'un demi-verre d’eau et de dix à douze gouttes d'ammoniaque. Dans le deuxième degré, on cherche à débarrasser l'estomac des liquides qui le surchargent, et l'on donne une potion dans laquelle on mêle jusqu'à 40 gouttes d'ammoniaque.</p> <p>(Voir la leçon précédente pour la seconde question.)</p> </div> </div> <div type="économie_domestique"> <head type="sujets">Économie domestique.</head> <div type="questions"> <list> <item>— Supposons qu'un ouvrier dépense par dimanche 1 fr. 50 au cabaret ; combien pourrait-il, avec l'argent dont il dispose ainsi, acheter par an de kilogrammes de pain à 0 fr. 36 ?</item> </list> </div> <div type="réponses"> <lg> <l>Dépense annuelle... = 1 fr. 50 X 52 = 78 fr.</l> <l>Prix du kilogramme de pain......... = 0 fr. 36.</l> <l>Quantité de pain qu'on peut acheter avec 78 fr. = 78 = 216 kilogr.</l> <l>—</l> <l>0,36</l> </lg> </div> </div> </div> </div> </body> </text> </TEI>